Fait N° 44

Les échecs sont considérés comme un sport national en Arménie.

Il est certain que beaucoup de gens aux Etats-Unis vivent du baseball, du basketball et du football américain, pendant que le Canada possède son hockey. L’Inde et toute une partie du Commonwealth ont le cricket, tandis que le football tient le haut du pavé sur la liste des sports pratiqués dans de très nombreuses régions du monde – y compris, il est vrai, en Arménie. Mais l’Arménie est aussi un lieu, où les échecs occupent une place tout à fait particulière.

L’histoire des échecs en Arménie remonte à plus de mille ans : on estime qu’ils furent introduits sous la domination arabe aux 8ème et 9ème après J.-C., les Arabes les ayant, en retour, ramenés de l’Inde. Il faudra toutefois attendre l’époque soviétique pour que ce jeu soit propulsé au niveau national. Les années 1920 et 1930 virent les premiers clubs et championnats d’échecs apparaître à Erevan et à travers le pays.

Durant les années 1960, vu le rayonnement de Tigrane Pétrossian, les échecs devinrent un sport des plus populaire, très suivi en Arménie soviétique. Pétrossian fut champion d’Union soviétique à quatre reprises, s’adjugeant aussi le titre mondial en 1963, tout en remportant de nombreuses victoires dans le cadre de l’équipe de l’URSS. Finalement, les échecs devinrent une institution en tant que telle. La suite est connue, pourrait-on dire, mais en vérité ce jeu est des plus présent en Arménie.

Autre grand nom des échecs, Garry Kasparov, qui s’acquit une renommée internationale, alors que la Guerre froide s’achevait, puis en jouant aux échecs contre un ordinateur, et aujourd’hui comme personnage public en Russie. Né à Bakou, en Azerbaïdjan soviétique, d’une mère arménienne, Kasparov dut fuir sa ville natale, du fait de ses origines, lorsque le mouvement en faveur du Nagorno-Karabagh culmina. Mais il ne représenta jamais l’Arménie dans le monde des échecs.

L’Arménie continue de jouer un rôle très actif sur la scène des échecs, accueillant des tournois internationaux et envoyant des individuels et des équipes défendre les couleurs nationales à travers le monde. Il est à noter que la Fédération arménienne des échecs est dirigée par l’actuel Président du pays, bénéficiant d’un grand soutien, que ce soit en termes de joueurs adultes ou mineurs. L’Arménie a aussi créé l’événement, lorsqu’elle a décidé d’introduire les échecs dans les programmes scolaires en 2011. Le classement de l’Arménie au niveau individuel et collectif est régulièrement élevé – un fait impressionnant, compte tenu en particulier de sa petite taille et du faible nombre de sa population.

Un des aspects les plus intéressants des échecs en Arménie est le niveau de suivi dont ils font l’objet, comparable à celui auquel on s’attendrait ailleurs vis-à-vis de sports plus importants, davantage commercialisés. Si Tigrane Pétrossian a été un nom très connu, il y a quelques décennies, Lévon Aronian est aujourd’hui une célébrité nationale en Arménie, parallèlement à d’autres grands-maîtres, dont beaucoup de jeunes joueurs et d’autres qui montent. Un magazine consacré aux échecs est publié depuis 1972, la même année où a débuté une émission de télévision sur les échecs, toujours diffusée.

Traduction : © Georges Festa