Fait N° 51
L’arménien a été l’une des premières langues dans laquelle on a traduit la Bible.
Le fait que la Bible soit un des travaux écrits les plus publiés, les plus distribués et les plus traduits de toute l’histoire est un fait difficilement contestable. Alors que l’Ancien Testament était initiallemet écrit en hebreu avec certains passages en araméen, le grec était la langue la plus utilisée du Proche-Orient à l’arrivée du Nouveau Testament. Entre-temps, l’Ancien Testament avait aussi était traduit en grec vers 132 avant JC, une version connue depuis sous le nom de Septante (du latin “Soixante-dix”, faisant référence au nombre necessaire de traducteurs). Les Juifs de la Diaspora, exilés alors à Babylone des siècles plutôt, avaient également produit des versions en araméen, connues sous le nom de targoum. C’est ce mot qui servira de racine au mot arménien “targmanel” ou “tarkmanel”, qui veut dire “traduire”.
Après l’hebreu, l’araméen et le grec, le latin est naturellement la prochaine langue importante sur la liste. En effet, la Vulgate, la version traduite en latin par Jerôme au 4-5ème siècles après JC, a été très ancrée dans la vie des Européens pendant plus de mille ans. Entre-temps, le syriaque (proche de l’araméen) est devenue la langue liturgique utilisée dans de nomreuses églises du Proche-Orient, et ce jusqu’à nos jours. De même, parmi les premières traductions on compte la Bible en gothique, produite vers 350 après JC dans ce qui est aujourd’hui la Bulgarie.
L’Arménie a officiellement adopté le christianisme au début du 4ème siècle, en 301 après JC, date reconnue conventionnellement. Mais il a fallu un siècle de plus avant de combler l’absence de la Bible en langue arménienne. Les chroniqueurs arméniens rapportent que l’inexistence de l’Ecriture Sainte dans la langue locale était un obstacle à l’œuvre missionnaire. En effet, l’alphabet arménien a été créé par Mesrop Mashtots surtout pour avoir une Bible en arménien, le “Livre Saint” (“Sourp Kirk” en arménien occidental ou “Sourp Girk” en arménien oriental), qu’on appelle plus communément “Astvatsachountch” (arménien oriental) ou “Asdvadzachountch” (arménien occidental), que l’on pourrait traduire en français par “Inspiré par Dieu”. Il existe des preuves des influences syriaque et grecque sur la traduction de la Bible achevée vers 436 après JC dans ce qu’on appelle l’arménien classique (“Grabar” ou “Krapar”). Les spécialistes la considèrent comme la “Reine des Traductions” pour son style et pour le fait qu’elle soit très proche de la version originale. Selon la tradition, les tous premiers mots écrits en arménien sont issus du Livre des Proverbes de l’Ancien Testament : “Pour connaître sagesse et instruction, comprendre les paroles intelligentes” (phrase qui apparait dans la Bible du roi Jacques en anglais). Ce choix est ravivé lors de la fête des Saints Traducteurs, une fête de l’Eglise Arménienne au mois d’octobre, durant laquelle on célèbre le savoir. De plus, cette fête coincide parfois avec le jour de l’entrée scolaire pour certaines communautés de la diaspora. Les Arméniens seraient le seul peuple au monde à vénérer ses traducteurs de cette manière.
Bien qu’il existe d’autres versions relativement anciennes de la Bible, comme celle des Ethiopiens, des Coptes et des Géorgiens ou encore celle en vieux-slave, et que certains passages ont été parfois traduits en langues locales, il a fallu attendre encore environ mille ans pour que la Bible soit traduite dans les principales langues vivantes d’aujourd’hui.
On a également traduit la Bible en versions modernes de la langue arménienne au 19ème et 20ème siècles, malgré l’utilisation de l’arménien classique lors des services religieux.
Références et autres ressources
1. Robert B. Waltz. “Versions of the New Testament”, The Encyclopedia of New Testament Textual Criticism
2. W. St. Clair Tisdall. “Armenian Versions, of the Bible”, International Standard Bible Encyclopedia Online
3. Wikipedia: “Bible translations”
4. Wikipedia: “Bible translations into Armenian”
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Titre de l'image
Un palimpseste, ou manuscrit constitué d’un parchemin déjà utilisé – une pratique assez répandue à l’époque où le papier était rare. On y voit des prières en syriaque datant du 10ème siècle par dessus les écrits religieux arméniens du 6ème siécle, du Monastère St. Catherine sur le Mont Sinaï en Egypte actuelle.
Source et attribution
[Domaine public], via Wikimedia Commons
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